Pourquoi l’agrément est important à l’heure actuelle

Tout le monde se demande quel sera l’impact global de la pandémie. Combien de temps devrons‐ nous encore nous distancer? Quels sont les stratégies et les outils qui continueront d’être créés ou utilisés pour nous aider à relever les défis? Quelles sont les leçons que nous tirons de nos prévisions pour la prochaine fois? Et comment nous assurer que ce qui est moral et juste est à la base de notre stratégie alors que nous prévoyons le pire et espérons que tout ira pour le mieux. Au sein de nos organismes, programmes, services et systèmes, l’agrément qui examine les résultats obtenus et les objectifs à atteindre peut nous aider à y parvenir.

« Les maladies épidémiques ne sont pas des événements aléatoires qui affligent les sociétés de manière capricieuse et sans avertissement. ( ) Toute société produit ses vulnérabilités particulières. Les étudier, c’est comprendre la structure d’une société, son niveau de vie et ses priorités politiques. »5

Tout au long de l’histoire, des épidémies devenues des pandémies sont réapparues, entraînant inévitablement d’importantes pertes de vies. Alors, qu’est‐ce que cela révèle sur nos structures sociales, notre niveau de vie, notre santé et nos priorités politiques?

Prenons la pandémie de grippe de 1918‐19, alors que 3 % de la population mondiale est décédée, et le H2N2 de 1956‐58 qui a fait 2 millions de morts. Les deux ont affecté de manière inéquitable des personnes vulnérables dans de nombreux domaines, comme la race, le revenu, le sexe et l’accès aux soins de santé. De même, beaucoup d’entre nous reconnaissent l’impact du VIH, du virus Ebola et du choléra comme des maladies qui n’ont pas disparu mais continuent de défier la science et la recherche en résistant à l’éradication et simultanément en étant une menace pour les communautés marginalisées dans le monde entier. Nous devons donc nous demander qui est le plus à risque pendant cette pandémie hautement contagieuse? Et que pouvons‐nous apprendre, en assumer la responsabilité et agir ensuite pour y remédier?

La justice et l’équité en santé constituent le fondement des systèmes de santé et sociaux communautaires partout, et s’articulent autour des principes et des éléments des déterminants sociaux de la santé.6 La distribution inéquitable des ressources qui néglige des populations spécifiques et

augmente les risques pour celles‐ci contribue à la perpétuation inévitable de maladies endémiques qui peuvent devenir pandémiques, mettant tout le monde en danger.

Pendant la pandémie actuelle de coronavirus, nous avons l’occasion de repenser, réécrire et réévaluer les plans d’urgence et de pandémie. Nous pouvons parler de ce que nous apprenons et nous engager envers l’amélioration continue, alors que nous sommes confrontés à de nouvelles menaces pour nos communautés, nos populations et les systèmes de santé et sociaux en place. Ce n’est que lorsque nous choisissons de faire des recherches dans ces lieux, cachés intentionnellement, que nous pouvons déterminer qui est le plus en danger. Cela comprend les personnes qui vivent dans la rue, qui sont pauvres, qui habitent des quartiers densément peuplés, et où les gens sont cachés du regard du public : les prisons, les établissements de santé mentale, les communautés autochtones, les résidences pour personnes âgées et les institutions. Ce n’est qu’alors que nous pourrons élaborer des stratégies de santé et santé publique efficaces en anticipant l’inévitable prochaine éclosion. Comme l’a dit un médecin d’un hôpital de Vancouver,

« Je n’ai jamais lu notre plan de pandémie et pourtant je connais par cœur les codes orange, bleu et rouge. Mais ils ne m’ont pas aidé cette fois‐ci. »7

Et c’est pourquoi un modèle d’agrément conçu dans un cadre d’équité peut contribuer à créer un système de santé et de service plus juste et inclusif. En reconnaissant la nécessité d’une amélioration continue de la qualité des services cliniques, de santé, santé mentale et sociaux dans l’ensemble des populations, les principes antiracistes, anti‐oppression et d’inclusion enchâssés dans les politiques et mis en pratique compteront réellement lorsque nous serons confrontés à la prochaine pandémie.

« La santé des personnes les plus vulnérables parmi nous est un facteur déterminant pour la santé de tous, et si nous ne sommes pas prêts à le faire, nous ne serons jamais, jamais prêts à affronter ces défis dévastateurs pour notre humanité. »8

Durant cette période, le CCA continue de travailler à l’amélioration des infrastructures et des services afin d’assurer un meilleur service à nos communautés en :

  • mettant en œuvre une technologie et une capacité Web plus robustes
  • continuant de mettre à jour des normes et des outils selon l’amélioration continue prévue
  • communiquant avec nos organismes participants actuels pour vérifier votre capacité à poursuivre votre processus d’agrément
  • discutant des possibilités de report des révisions qui sont prévues dans l’immédiat
  • fournissant un soutien pour nos partenaires et nos collègues

Nous sommes également dans la phase finale de développement d’un module de visite sur place virtuelle et nous lancerons ce mois‐ci un module virtuel pour la formation des réviseurs.

Enfin, nous tenons à remercier tous les travailleurs de première ligne et de soutien, ainsi que ceux que vous aimez et qui vous sont chers, au sein de nos organismes participants et des communautés en général, pour votre engagement, votre résilience et votre gentillesse en cette période difficile. À tous ceux et celles qui sont en difficulté et vulnérables, nous souhaitons la force physique et émotionnelle de vous porter bien, d’être en sécurité et de prendre soin de soi comme on prend soin des autres.

Avec compassion et bienveillance,

Le personnel et le conseil du CCA

 

5 Frank Snowden, professeur de médecine, Université Yale. ‘Epidemics and Society; From the Black Death to the Present’ 2019.
6 Cadre conceptuel de la santé et de ses déterminants sociaux défini par l’OMS 2010‐ ex. logement sécuritaire, revenu viable, éducation, accès à la nourriture, égalité des sexes et des races.
7 White Coat Black Art 2020 30 mai 2020, avec Dr. Brian Goldman, médecin de l’urgence, Hôpital Mt. Sinai, Toronto.
8 Frank Snowden, professeur de médecine, Université Yale. ‘Epidemics and Society; From the Black Death to the Present’ 2019.